Le Forum Crans Montana en question reste silencieux
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Les questions répétées de WSRW sur la structure de l'organisation ou les bailleurs de fonds de l'événement litigieux organisé en pays occupé restent sans réponse.

Publié 27 février 2016

Pour la deuxième année consécutive, l'étrange Forum Crans Montana (CMF) tiendra une conférence au Sahara Occidental occupé. Du 17 au 22 mars, la coopération Sud-Sud du CMF aura lieu "sous le haut patronage de Sa Majesté Mohammed VI, roi du Maroc", dans un territoire qui est largement et illégalement occupé militairement par ce même monarque.

Le 15 février 2016, pour la quatrième fois WSRW a demandé au CMF de clarifier qui finance l'événement à Dakhla, qui est membre du comité de l'organisation, et qui en Suisse possède et/ou gère Crans Montana Forum S.A.M (Société Anonyme Monégasque), parce que ces choses sont loin d'être claires.

Éviter l'attention des médias
Le peu d'informations disponibles sur le Forum de Crans Montana mène à plus de questions que de réponses. CMF apparaît comme une organisation internationale inhabituelle qui réunit les dirigeants du monde pour discuter de questions d'actualité dans la politique internationale. FMC se présente lui même avec l'objectif de contribuer à "un monde plus humain et impartial» et d'être « le think-tank le plus influent et prestigieux dans le monde, travaillant dans la discrétion, au plus haut niveau et loin de la publicité et la médiatisation". "Jamais l'organisation du Forum ni les membres du Conseil n'ont depuis 32 ans été impliqués dans des intérêts commerciaux. Cela a toujours été la garantie de son indépendance et crédibilité. Ce succès et cette éthique font des jaloux qui ne méritent aucun intérêt !", peut on lire sur le site Web du FMC (souligné dans l'original).

“Après avoir parlé pendant trois minutes, on m'a pressé à quitter la scène, avant que ne commence une distribution de récompenses à toutes sortes de personnalités douteuses. Cela a juste rendu encore plus clair que l'opération était tout simplement une déclaration politique et rien d'autre. Il m'est apparu que l'absurde spectacle auquel j'avais pris part servait au Maroc à s'acheter une bonne conduite”.

Lire le conte absurde de la participation d'un journaliste danois au Crans Montana Forum 2015 dans le reportage "On Business Class to an Occupied City in the Desert", du 9 avril 2015. 

Le site Web du Forum met en valeur les liens de l'organisation avec le monde des riches, puissants et célèbres, révélant sa vraie nature de club de réseautage international - un club qui traditionnellement ne fait pas de discrimination avec les dictatures et les régimes brutaux.

Ce que ni les points de vente des page web, blog, média sociaux de Crans Montana Forum ne révèlent, c'est la vraie nature de cette organisation. Qui dirige CMF, où il est enregistré, qui siège à son conseil d'administration, comment il est financé, etc.

FMC se présente comme étant une organisation internationale "de propriété et gestion suisse" ou simplement une «Organisation non gouvernementale suisse" Cette affirmation ne semble pas être correct. WSRW a identifié deux entrées Crans Montana Forum dans les registres des compagnies suisses, une personne sur le canton de Genève, l'autre dans le district de Sion. Ces entreprises ont été supprimées respectivement en 2002 et 2006.

Mais l'organisation est bien immatriculée à Monaco, un paradis fiscal de la Côte d'Azur.

En 2015, Crans Montana Forum identifiait quatre dirigeants sur son site Internet, sans fournir toutefois d'information biographique sur aucun d'eux. Les quatre étaient les suivants :
- SAS le Prince Anton von und zu Liechtenstein, Président d'honneur du Conseil (Fondation du Forum Universale)
- Rev. Daniel Warner, président du conseil consultatif (Crans Montana Forum).
- M. Jean-Paul Carteron, Fondateur (Fondation du Forum Universale & Crans Montana Forum)
- M. Nicolas Buzaianu, fondateur et président exécutif (Conseil à World Public Affairs CWPA)

On ne sait pas si ces quatre ont eu des postes du conseil d'administration. S'ils en ont eu, alors les affirmations de FMC que les membres de son conseil d'administration n'ont eu aucun lien avec des compagnies est incorrect.

Le dernier, Nicolas Buzaianu, ne se trouve plus sur le site Web. Buzaianu est mentionné par une équipe de journalistes d'investigation en Roumanie comme «l'un des personnages les plus controversés du marché roumain de l'électricité". En lire plus ici sur les implications de Buzaianu dans ce secteur corrompu, et les contrôles par la Direction nationale anticorruption roumaine. Les scandales entourant Buzaianu et le secteur de l'énergie ont été relayés longtemps en 2015 dans de nombreux médias roumains. Buzaianu a aussi fait surface en Zambie où ses avocats auraient menacé de poursuivre le gouvernement de la Zambie pour un montant de 100 millions de dollars (ou 0,3% du PIB de la Zambie) après que son nom ait été associé à la disparition de lingots d'or des coffres de la Commission Drug Enforcement. D'autres informations disponibles sur Buzaianu créent l'image archétype de l'homme d'affaires tournant philanthrope. Buzaianu était sur la page Web de Crans Montana, les 10 mars 2012, 26 octobre 2013, 26 juin 2015, mais n'y est plus aujourd'hui.

L'homme qui mène le bal

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L'image montre le roi marocain accordant à Jean-Paul Carteron la médaille de Commandeur du Wissam Al Alaoui - le plus grand honneur au Maroc - en juillet 2015. Sans aucun doute, la distinction fait suite au travail de Carteron qui aide le Maroc à la propagation d'un l'air de normalité à son occupation illégale du Sahara Occidental. Carteron ne cache pas sa position pro-Maroc par rapport au conflit du Sahara Occidental. Son blog personnel contient des messages réguliers sur la grandeur des activités de Maroc au Sahara Occidental, et sur le plan d'autonomie du Maroc pour le territoire - ignorant le droit des Sahraouis à décider de leur avenir.

Le site de Crans Montana qualifie systématiquement le Sahara Occidental comme partie du Maroc, malgré qu'aucun pays, ni l'ONU, ne reconnaisse le pays comme tel. L'Assemblée Générale de l'ONU en 1979 a condamné l'occupation marocaine de la région où la conférence de 2016 aura lieu.

Jusqu'à 2015, Jean-Paul Carteron a agi comme président du Forum de Crans Montana, un poste qu'il a quitté pour le laisser à Pierre-Emmanuel Quirin. Mais Carteron reste au cœur des activités de l'organisation - comme on le voit par la collection sans fin de photos à la fois sur le blog de Carteron et le site Web du CMF, représentant Carteron côte-à-côte avec des personnalités internationales.

Il y a très peu d'informations disponibles sur M. Carteron. exception notable du blog tenu par Robert Eringer, le fondateur du service de renseignement de Monaco. Eringer vit actuellement à Santa Barbara, et a publié sur Jean-Paul Carteron dans la presse Santa Barbara en décembre 2008.

Eringer écrit du fondateur de Crans Montana Forum : "Carteron quitte Paris en 1981 pour travailler pour" Papa Doc", et a fini par s'occuper de la fortune du dictateur haïtien corrompu. Il a continué avec "Baby Doc" facilitant d'importates transactions immobilières le long de la Côte d'Azur. La dynastie Duvalier a été brutale et meurtrière - et le début de la propre fortune de Carteron. Après avoir ensanglanté ses mains avec les deux «Docs», Carteron a - en 1989 -, créé le Crans Montana Forum en Suisse et s'est relooké lui-même comme "humanitaire". Son forum fournit de la respectabilité pour des régimes brutaux et corrompus d'Afrique, dont M. Carteron a personnellement profité. Les Suisses, en 1996, ont soupçonné Carteron de blanchiment d'argent et lui ont demandé d'installer son forum ailleurs. Il l'a fait dans la Principauté et l'a rebaptisé Monaco World Summit, créant la perception erronée pour les gouvernements étrangers que son entité privée était une institution de Monaco. Ensuite, se mélangeant avec des représentants de petites nations du monde, Carteron est devenu un courtier. Pas en actions et obligations. Carteron négocie des postes de consul honoraires à Monaco. Son tarif est de 50.000 euros. Le Prince Albert connaissait ces pitreries sans éthique, mais plutôt que de pointer la porte à Carteron, Son Altesse Sérénissime l'a désigné co-collecteur de fonds pour un projet qui lui importait appelé "la paix par le sport."

Une biographie plus complète de Carteron par Eringer, contenant un aperçu du Forum de Crans Montana, peut être trouvée ici :
«Jeune homme avec un diplôme en droit de l'Université de Paris, Carteron a essayé d'entrer dans la vie politique française, mais n'a pas pu trouver de soutien et a perdu plusieurs élections. Peut-être déçu par le système, il quitte la France en 1981 pour aller travailler comme avocat pour François «Papa Doc» Duvalier en Haïti et finissant par gérer l'immense fortune financière de Papa Doc.
Lorsque Papa Doc meure, Carteron continue avec Jean Claude «Baby Doc» Duvalier, pour qui il a facilité d'importantes transactions immobilières le long de la Côte d'Azur et à Monaco. [...]
Comme ambassadeur d'Haïti à l'ONU en 1985 Carteron saisit l'occasion pour tisser des liens solides avec les pays d'Europe de l'est, et a utilisé ces contacts pour créer le Forum de Crans Montana en Suisse en 1989. (Carteron était un ressortissant suisse sur la base de son premier mariage avec une ressortissante suisse, Patricia Luyet.)

C'est seulement après avoir eu du sang sur les mains avec les Duvalier et s'être enrichi lui-même que Carteron se présente comme «humanitaire». Et son forum s'est efforcé de fournir de la respectabilité pour des régimes brutaux et corrompus d'Afrique, dont Carteron profitait personnellement. La "contribution" de six cent mille francs suisses au forum par le président congolais Sassou N'Guesso est un exemple à noter.
En 1996, les Suisses sont désenchantés de Carteron et lui demandent de déplacer son forum ailleurs. Ils le soupçonnaient de blanchiment d'argent, et son forum leur donnait des maux de tête logistiques en raison de ses participants douteux, dont beaucoup devaient être placés sous surveillance tant qu'ils étaient dans le pays.
Son forum déplacé de la Suisse, Carteron a choisi Monaco comme nouvelle base et a reçu du Prince Rainier la permission de créer une Société Anonyme Monégasque puis a organisé son forum à l'intérieur de la principauté. Carteron a commencé par appeler son entité privée le Monaco World Summit. Les dirigeants des autres pays invités à participer contre participation avaient l'impression, à cause de son nom, que le sommet était une manifestation officielle de Monaco ou au moins parrainé par Monaco, ce qu'il n'était pas.
Une fois son sommet institutionnalisé à Monaco, Carteron a commencé à s'établir lui-même comme intermédiaire professionnel. Sa spécialité : courtage en consulat honoraire à Monaco pour les pays européens de l'est et les Balkans. Son prix habituel pour faire nommer quelqu'un consul honoraire de Monaco : cinquante mille euros.
Dans un cas, il aurait demandé et reçu une très chère montre Breguet".

Robert Eringer a confirmé à WSRW qu'il confirmait chaque mot écrit sur Carteron.

Carteron est mentionné dans la procédure civile "République d'Haïti et d'autres contre Duvalier et d'autres", pour avoir été payé par le régime d'Haïti au cours des années quatre-vingt. L'homme a aussi été accusé de racket par un banquier basé à Genève en 1994.

WSRW a envoyé des lettres à Crans Montana Forum, les 2, 17 et 27 février 2015, et le 15 février 2016. Aucune réponse n'a été reçue.
 

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